Sainte-Barbe
Saint-Philippe
Saint-Georges
Saint-André
Saint-Mathieu
Saint-Jean
D'après le plan de la Citadelle de 1571 (archives générales de Simancas, Espagne)
La citadelle de Perpignan trouve son origine dans le château royal que Jacques II de Majorque fit bâtir sur une hauteur qui domine la ville au sud et qui depuis lors s'appelle le puig del rey. Le premier texte mentionnant ce château des rois de Majorque date de 1274 et on peut estimer à 1309 la date de fin des travaux. Il a la forme d'un rectangle presque carré. La face ouest est flanquée en son milieu par une grande tour en marbre de Baixàs dans laquelle s'ouvre vers le sud la porte d'entrée. A l'opposé, la façade orientale est coupée par la "torre major", le donjon, dont l'espace intérieur est entièrement occupé par les deux chapelles superposées du château.
Un peu après la disparition du Royaume de Majorque, une première enceinte enveloppa le château, peut-être à l'époque de Pierre IV d'Aragon (1336-1387). Le tracé de cette enceinte est très visible sur les plans de 1535 et 1571 conservés aux archives générales de Simancas en Espagne. La porte d'entrée était ménagée dans la courtine ouest. C'est probablement des éléments de cette courtine que des sondages archéologiques ont révélés en 2003 à l'occasion de travaux dans les jardins du château.
La première grande citadelle date du temps de Louis XI. Elle délimitait à l'est du château, devenu donjon, une vaste place d'armes triangulaire à la pointe de laquelle on construisit le boulevard de la citadelle. De l'autre côté, à l'ouest, sa muraille englobait la porte "de les comes" par laquelle la route d'Espagne entrait dans la place. Dès lors, cette porte devint simple sortie de la citadelle vers la campagne et la route d'Espagne fut déviée vers la porte Saint-Martin. De plus, par une autre porte, l'accès par l'ouest au château était maintenu.
Sous Charles Quint, le projet d'amélioration de l'ingénieur Benedetto di Ravenna (plan de 1535) ne sera qu'imparfaitement réalisé. Il se concrétisa surtout par la construction d'une avancée défensive appelée aussi ouvrage à redans qui double la muraille médiévale au sud (lexique).
C'est sous Philippe II, dès 1556, que fut conçue la citadelle actuelle par Giovan Battista Calvi. Terminée quelque 20 ans plus tard en 1577, elle fait fi de tous les tracés antérieurs. C'est une oeuvre colossale, première véritable citadelle bastionnée (avec celle de Turin bâtie entre 1564 et 1571), dont la genèse est relativement bien connue grâce au plan de 1571 qui, dans sa légende, fait état des travaux déjà réalisés, de ceux qui restent à effectuer et des difficultés de financement. Le projet qui au départ devait compter cinq bastions en aura finalement six. Les bastions ont été construits en premier et certainement armés avant de les réunir par des courtines. L'édification de ces dernières nécessitait par endroit la destruction de l'ancienne citadelle et il n'était pas pensable d'ouvrir ainsi la fortification et de laisser le château, l'arsenal, les munitions à la merci de la ville.
Un siècle plus tard, Vauban estimait l'ouvrage de Philippe II toujours fonctionnel. Il se contenta d'en améliorer les dehors en projetant (en 1679) la construction des demi-lunes. A l'intérieur, s'appuyant sur l'ouvrage à redans de Charles Quint et sur les restes de la citadelle de Louis XI, il fit construire une autre enceinte bastionnée (appelée à tort enceinte de Charles Quint) qui constitue un excellent réduit.
Aujourd'hui, malgré l'état de délabrement de son parement de briques, on pourrait encore admirer la citadelle de Perpignan, si elle n'était pas à moitié enfouie depuis le comblement des fossés.