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Les hauts murs d'escarpe de la citadelle de Philippe II présentent la particularité de reposer sur un socle à talus. Depuis la destruction des dehors et le comblement des fossés, ce socle a disparu sous terre sur presque la moitié du pourtour de l'enceinte, (parfois à plus de 5 mètres de profondeur). Sur les remblais, au plus près de la muraille, des voies de circulation ont été aménagées et des maisons de ville ont été construites. Dans ces conditions, il serait bien utopique d'envisager de rétablir les fossés pour redonner à ces remparts toute la noblesse que leur conférait leur hauteur.
Toutefois, par endroits, notamment le long des courtines, se logent des terrains de jeux et des jardins que la municipalité actuelle est soucieuse de réaménager. Là, un dégagement de la muraille pourrait être envisagé. Sinon, toute amélioration de ces espaces verts n'est que pis-aller tant qu'elle se réalise contre un rempart à demi enterré.
Au pied du bastion Saint-Mathieu, le rempart, que les HLM s'acharnent à masquer, subsiste sur toute sa hauteur. A partir du bastion Saint-Georges, le socle s'enfonce inexorablement dans le sol puis, plus au sud, le bastion Saint-Philippe est déjà à demi enterré. Sur cette photo du front sud-ouest prise avant 1930 (où l'on voit la porte de secours murée et le bastion Saint-Philippe) seules les parties colorées sont visibles aujourd'hui. Les autres sont, soit détruites, soit enterrées. Enfin le bastion Saint-André, quant à lui, est enterré aux deux tiers.
Dans les lices de la citadelle, on pouvait assister à des joutes à coups de placards entre le Conseil Général (propriétaire du palais des rois de Majorque) et la Municipalité de Perpignan. Ce sont les travaux d'aménagements décidés par la Mairie devant l'entrée moderne de la citadelle qui en étaient la cause : ils avaient la fâcheuse conséquence de supprimer le parking...
Préalablement à ces travaux, l'Inrap avait procédé à un diagnostic archéologique en octobre 2006. A cette occasion, les excavations qui avaient été pratiquées découvraient le socle à talus de l'escarpe. On pouvait alors constater très clairement que le remblai, sur ce front a une épaisseur de 0,75 à 2 mètres. Pourtant, aucune opération d'envergure (qui aurait consisté à étudier la possibilité de retrouver l'ancien niveau des fossés) n'a été lancée. Cela aurait été une véritable "mise en valeur" de la citadelle justifiant amplement le sacrifice du parking. Hélas ! toutes les excavations ont été rebouchées et un banal aménagement a été réalisé en surface.