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On peut lire sur la plaque commémorative scellée sur la façade, l'inscription suivante : "MDCCCCIV Maison Lemoine première construction édifiée sur l'emplacement des anciens remparts".
A la fin de la première guerre mondiale, Emile Ripert, voyageur en service commandé, découvre Perpignan :
"Perpignan est une ville saccagée... On dirait qu'une armée allemande a passé par là... Encore les Allemands peuvent-ils mettre en avant leur mot sinistre : "C'est la guerre" et invoquer, comme une piètre excuse, la rage aveugle de la soldatesque, — mais ici c'est de sang-froid, après de longues délibérations, et pendant des mois et des années, que le crime a été consommé. [...] Je me fais conter le forfait par des naturels, sans avoir l'air de m'en indigner autrement, pour ne pas froisser leur susceptibilité et qu'ils n'arrêtent point leurs récits, et dans ces récits je revois le vieux Perpignan d'autrefois, c'est-à-dire d'il y a vingt ans, pas davantage, serré dans le corselet de ses remparts rouges, avec cette allure espagnole et médiévale qu'on voit encore éclater par places, — je revois, contre les remparts aux briques sanglantes, les grands platanes verts qui avaient poussé de tous côtés dans les fossés de Vauban, une fontaine sous les platanes, où les filles venaient puiser de l'eau dans les cruches catalanes, les portes monumentales, la porte de Canet, la porte d'Espagne, la porte Notre-Dame, — et tout cela, sauf quelques pans de murs, jeté par terre, à la joie sauvage des habitants, dont l'un d'eux a osé faire bâtir une maison, – et quelle maison ! – sur laquelle une plaque de marbre noir ornée de lettres d'or rappelle aux passants, afin qu'ils n'en ignorent, que cette maison est la première qui fut construite sur l'emplacement des anciens remparts !...". (ER).