photo du plan en relief de la Casa Xanxo FA
Louis XIV, sur proposition de Louvois son ministre de la guerre, fait construire à partir de 1668 une série de maquettes des places fortes du royaume de France. Cette collection de "plans en relief" a "pour objectif d'accompagner les travaux de fortification menés par les ingénieurs de Louis XIV". Bien sûr, ces plans n'ont pas la maniabilité d'une carte sur papier. Mais justement, puisqu'ils ne sont pas faits pour être déplacés, ils sont à une grande échelle (pour la plupart, 1/600e) qui permet de représenter le relief du bâti : une maison de 2 étages fait sur le plan environ 1,5 cm de hauteur. De plus, pour chaque élément de fortification ce n'est pas une seule représentation que nous avons mais de multiples points de vue qui varient selon les déplacements de l'observateur. Grâce à ces maquettes d'une fascinante précision, le roi et son ministre pouvaient parfaitement apprécier l'état des défenses aux frontières de la France et décider des modifications à apporter aux fortifications en connaissance de cause.
Aujourd'hui, ces plans sont visibles à Paris au musée des plans en relief (hôtel des Invalides) et au Palais des Beaux-Arts de Lille. Par ailleurs, certaines villes possèdent une copie du plan qui les concerne. C'est le cas de Perpignan dont la copie est visible depuis 2019 au magasin à poudre Saint-Dominique. Elle est constituée de huit tables (deux pour représenter la ville et six pour la campagne environnante) qui s'emboitent à la manière d'un puzzle pour former un octogone. L'ensemble fait environ 16 m2.
Compte tenu de ce que l'on connait du Perpignan du XVIIe s. grâce aux documents d'archives et aux fouilles archéologiques qui ont pu être réalisées çà et là à l'occasion de travaux, on peut considérer le plan en relief de Perpignan comme un document parfaitement fiable en ce qui concerne les fortifications, d'un grand intérêt quant aux bâtiments importants civils et religieux (quoique non exempt d'erreurs) et assez sommaire pour le reste du bâti (bien que le parcellaire soit globalement exact).
Il est à noter que la copie de Perpignan s'autorise quelques modifications par rapport au plan en relief du XVIIe s. conservé aux Invalides et perd de ce fait sa valeur de copie conforme d'un document historique. Ces modifications sont peut-être instructives, mais elles tombent dans l'anachronisme quand il s'agit de corriger la représentation de la cour d'honneur du palais des rois de Majorque ; celle-ci est représentée dans son état actuel et non telle qu'elle était au XVIIe s.. Elles peuvent être aussi franchement contestables comme pour les clochers de l'église du couvent des Carmes.