o
accueil
précédente
plan
O O O O

coloration FA

Octobre 1904, destruction du bastion polygonal de Charles Quint classé monument historique.

Le Castillet a été classé monument historique dès 1887. Au sujet de ce classement, les autorités compétentes (à l'époque, l'Administration des Beaux-Arts) ont précisé (en 1902, 1903...) qu'il fallait entendre par "Castillet" tout l'ensemble qui faisait "un tout harmonieux" : le Castillet lui-même, la porte Notre-Dame le bastion de Charles Quint avec son échauguette.

Pourtant, en 1904, la municipalité laisse Edmond Bartissol (le concessionnaire de la démolition des remparts) s'attaquer au bastion de Charles Quint avec la complicité plus ou moins avouée de la préfecture qui attendra l'injonction du Ministre des Beaux-Arts pour admettre l'illégalité de ces travaux. Cette opération menée avec une rapidité incroyable commence par l'ouverture d'une brèche dans les flancs du bastion. Les démolitions se poursuivent vers le nord par le comblement des fossés (déjà en partie réalisé) et la destruction de la contre-garde de Vauban ce qui permet de faire la jonction entre le quai Sadi Carnot et la promenade des platanes. Puis, l'illégalité de ces destructions ayant enfin été clairement dénoncée, les travaux sont arrêtés et seul demeure l'angle du bastion avec son échauguette...

Alors, vont commencer les discussions entre la municipalité de l'époque et le ministère des Beaux-Arts pour statuer sur le sort du bastion ou plutôt de ce qu'il en reste. La presse locale a, dès le début, choisi son parti : "...il n'y a aucun intérêt ni historique ni esthétique à laisser debout cet informe pilier..." (journal l'Indépendant du 01/12/1904, cité par Véronique Wiart). La prestigieuse Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales, quant à elle, relève les faits et les désapprouve par la voix d'un de ses membres : "...les remparts de Perpignan ont été attaqués par le pic et par la dynamite. L'oeuvre de démantèlement se poursuit activement ; on démolit même trop et, si l'on n'y prenait garde, la Porte Notre-Dame risquerait d'être sacrifiée, comme son voisin le bastion de 1542, dont il ne subsiste plus que l'échauguette, désormais légendaire, jetée sur le saillant." (SASL bulletin de 1905, B. Palustre).

La résistance de l'État face à la détermination destructrice des édiles locaux sera de quelque huit mois. Après ce court sursis, "sur le rapport de M. l'Inspecteur général Boeswillwald, la Commission accepte le déclassement de l'échauguette située en avant du Castillet pour que la Ville de Perpignan puisse aménager comme elle se le propose les abords de ce monument". On s'empresse alors de l'abattre.

Cet épisode de la destruction du bastion de Charles Quint illustre parfaitement (à l'époque près) les propos de Louis Réau sur le vandalisme : "Les dévastations perpétrées en province sous le second empire, sont, en majeure partie, le fait de municipalités béotiennes qui n'avaient pas encore compris que les monuments anciens sont pour une ville non seulement une parure, mais un capital et une source intarissable de revenus" (LR)

précédente

retour au plan

plan Castillet

O